[2010] La menace iranienne

La terrible menace iranienne est largement reconnue comme le problème de politique internationale le plus important pour le gouvernement d’Obama. Le général Petraeus a informé le Comité sénatorial des forces armées en mars 2010 que “le régime iranien est la principale menace étatique pour la stabilité” dans la sphère d’influence du US Central Command, le Moyen-Orient et l’Asie centrale, la principale région du monde intéressant les Etats-Unis […]

Les actes terroristes du Hamas et du Hezbollah font pâle figure en comparaison du terrorisme israëlo-étasunien dans la région, mais méritent tout de même notre attention. […]

Aucune personne saine d’esprit ne souhaite que l’Iran développe des armes nucléaires ; ou qui que ce soit. Lire la suite

[1999] Deux heures de lucidité (7/9) – La démocratie

La démocratie est le meilleur système, pas le moins pire. […] elle existe mais n’a pas encore rempli toutes ses promesses. […]

L’Europe s’imagine qu’elle a des intellectuels engagés, mais la réalité est bien différente, à quelques exceptions près. Quand il y a eu des progrès, ils sont venus non pas des intellectuels, mais d’abord et surtout des forces populaires, et bien souvent des organisations de la classe ouvrière. […]

Il a fallu des centaines d’années pour convaincre les gens que, conformément à l’éthique du capitalisme, ils devaient s’enrichir et rompre avec l’égalitarisme. C’est la politique des élites. […]

Plus une société est libre, plus elle a recours à la peur et à la propagande. […] Tout l’art de la propagande consiste à donner aux gens le sentiment qu’ils sont impuissants, isolés, coupés les uns des autres. En fait, pour l’industrie de la publicité et de la propagande commerciale en général, le monde idéal serait un monde fondé sur deux éléments : d’abord la télévision, chacun devant son poste, coupé des autres, voire de sa famille ; ensuite, pour autant que cet idéal puisse être approché, que les gens ne constituent plus une menace pour les riches et les privilégiés, de sorte qu’il n’y ait pas de « crise de la démocratie» au sens où l’entendent les élites. Les gens ne s’occuperaient que de leur propre petite vie, des choses superficielles de l’existence, comme les objets de consommation à la mode ou le sport. Ils seraient «spectateurs», et non «acteurs», dans l’élaboration de la politique à tous les échelons : local, sur les lieux de travail et au-delà.[…]

Les médias ne représentent qu’une toute petite partie de la vaste machine de propagande. Il existe un système d’endoctrinement et de contrôle beaucoup plus vaste, dont les médias ne sont qu’un rouage : l’école, l’intelligentsia, toute une panoplie d’institutions qui cherchent à influencer et à contrôler les opinions et les comportements, et dans une large mesure à maintenir les gens dans l’ignorance. […]

Ce qui empêche les gens de se révolter, ce n’est pas qu’ils ne savent pas. Ils ne se révoltent pas parce que cela coûte cher. Si vous prenez l’initiative de changer Tordre des choses, vous risquez de le payer très cher. […] Si l’on veut agir, il faut se moquer de l’opinion; c’est la seule façon d’être libre et de faire ce que l’on pense être juste. Lire la suite

[2009] Vidéo : Chomsky et le pouvoir

Chomsky et le Pouvoir est un film documentaire français d’Olivier Azam et Daniel Mermet. Ce film est la suite de Chomsky & Cie. Olivier Azam et Daniel Mermet ont réalisé ce film après les rencontres avec le public suite à la projection de Chomsky & Cie. Daniel Mermet a de nouveau interviewé Noam Chomsky en avril 2009. Cet interview est constitué principalement autour des questions posées par le public. Lire la suite

[1999] Deux heures de lucidité (6/9) – L’économie invisible

La corruption légale est un sujet d’enquête intéressant, mais peu de personnes s’y lancent parce qu’elle remonte jusqu’au cœur du pouvoir. […]

Les entreprises font plus de victimes que la délinquance sur la voie publique. Pourtant, elles ne sont quasiment jamais poursuivies. […]

Les gens doivent s’informer. C’est pourquoi je crois profondément à l’éducation populaire, par opposition aux médias, à l’école, à la culture intellectuelle dominante. […]

Le monde des affaires est donc allé dans les écoles, les églises et les organisations sportives, afin d’endoctriner les gens et de les convaincre des bienfaits du capitalisme, au point que c’est devenu leur unique credo. […]

Les puissants ont besoin de l’État, d’abord pour contrôler le monde mais aussi pour faire en sorte que les coûts et les risques soient assumés collectivement. […]

Tous veulent une économie mondiale déréglementée – cette arme extraordinaire contre les peuples et la démocratie.[…]

Ces multinationales disposaient donc de nombreux moyens de pression pour abattre le système social suédois, comme par exemple la menace de délocaliser leur production […] Naturellement, cela a considérablement affaibli le système suédois. […] La même chose arrivera en France. […]

L’Union européenne est construite de manière à limiter la participation populaire […] Curieusement, les populations semblent s’en être accommodées… Lire la suite

[1999] Deux heures de lucidité (5/9) – Le capitalisme

Les accords de Bretton Woods visaient à contrôler les flux de capitaux […] Si on laisse les capitaux se déplacer librement d’un pays à l’autre, arrive un jour où les institutions financières et les investisseurs sont, dans les faits, en position de déterminer la politique des États. Ils constituent ce qu’on appelle parfois un «Parlement virtuel» […]

Le capitalisme n’existe pas, du moins au sens de pure économie de marché […] C’est un système composé d’entités privées concentrant des pouvoirs énormes, liées entre elles par des alliances stratégiques et dépendant d’États puissants pour socialiser les risques et les coûts. […]

Le libéralisme classique fait l’objet d’une attaque en règle par le biais des multinationales. […]

Personne ne comprend vraiment les ressorts de l’économie mondiale. […]

Notre système est extrêmement instable, personne ne sait ce qu’il va devenir. Il est tout à fait possible qu’il s’effondre, notamment à cause d’une catastrophe écologique. Une véritable économie de marché conduirait à une catastrophe généralisée. Dans une véritable économie de marché, chacun s’efforce de maximiser ses profits sans se soucier des conséquences pour le reste de la planète.
Lire la suite

[1999] Deux heures de lucidité (4/9) – Les centres de pouvoir

Les États les plus puissants, les grandes multinationales, les banques et les institutions internationales sont tous liés par des alliances et des intérêts communs. […]

L’entreprise est une institution totalitaire. Les multinationales modernes sont régies par le principe selon lequel les entités organiques auraient des droits sur les individus. […]

Il n’y a rien au sommet de la pyramide su pouvoir ! Le monde n’est pas un système totalitaire. […]

Pierre Bourdieu a écrit là-dessus : “on apprend à se comporter d’une certaine façon, et ceux qui n’y arrivent pas finissent chauffeurs de taxi” Lire la suite

[1999] Deux heures de lucidité (3/9) – La France et l’affaire Faurisson

Je n’arrête pas de signer des pétitions et des déclarations en faveur de la liberté d’expression partout dans le monde, et même si certaines affaires sont bien plus controversées que celle-là, je ne me sens nullement tenu de m’informer sur les opinions exprimées ou les gens qui les expriment. […]

Je le répète, c’est un pur truisme : ou bien nous défendons le droit à la liberté d’expression pour des idées que nous détestons, ou bien nous admettons — si nous sommes honnêtes, sans faux-fuyant — que nous sommes d’accord avec les doctrines de Goebbels et de Jdanov. Même eux défendaient volontiers le droit d’expression pour les idées qui leur agréaient. Lire la suite

[1999] Deux heures de lucidité (2/9) – Les intellectuels

Plus une société devient libre, plus il est difficile d’utiliser la force, plus il faut déployer d’énergie pour contrôler les opinions et les comportements. […]

Imaginez que des soldats entraînés par les Russes aient tué six intellectuels tchèques, dont Havel, et que quelques semaines plus tard, un communiste du Salvador soit venu en Russie, se soit adressé à la Douma et se soit fait applaudir à tout rompre lorsqu’il a félicité les députés, au comble du ravissement, pour leur rôle dans la défense des libertés ! […]

Les dissidents courageux devraient être honorés, qu’ils soient victimes d’une implacable répression dans la sphère d’influence de nos ennemis ou brutalement assassinés dans la sphère d’influence américaine.

Lire la suite

[1999] Deux heures de lucidité (1/9) – Avant-Propos

Face aux déferlantes médiatiques, à la succession de dépêches faussement neutres et d’informations impensées, une voix résiste, solitaire et irréductible : celle de Noam Chomsky. À 73 ans, c’est un monument de la contre-culture. Depuis la guerre du Vietnam, ce penseur radical dénonce l’organisation du monde au profit des oligarchies financières.
Dans ces libres conversations, paradoxales et tranchantes, Noam Chomsky décortique pour nous les mécanismes de la société de marché, l’économie invisible, la fabrication du consentement, les centres de pouvoir…

Derrière l’apparente neutralité du système médiatique se cachent des présupposés qui s’effondrent lorsqu’ils sont mis à nu. C’est pourquoi Noam Chomsky demeure irremplaçable : ces Deux heures de lucidité offrent un formidable antidote contre les fausses évidences. […]

Il faut lire Noam Chomsky, en parler autour de soi. Se dire, et dire, qu’il est un des derniers auteurs et penseurs vivants véritablement rebelles de ce millénaire naissant. Lire la suite

[2002] Le terrorisme et la réponse appropriée

Le 11 septembre 2001 restera indubitablement comme une date clé dans les annales du terrorisme. Partout à travers le monde, ces actes terribles ont été condamnés et considérés comme de graves crimes contre l’humanité. On appelle quasi universellement tous les États « à débarrasser le monde des êtres malfaisants », et l’on s’accorde à penser que « le fléau diabolique du terrorisme » – en particulier du terrorisme international soutenu par certains États – est un véritable virus propagé par les « adversaires sournois de la civilisation » et qu’il constitue un « retour à la barbarie » parfaitement intolérable. Mais derrière le considérable soutien à ces propos émis par différents responsables politiques américains – respectivement George W. Bush, Ronald Reagan et son secrétaire d’État George Schultz [1] –, les appréciations divergent sur la question précise de la réponse appropriée aux crimes terroristes et sur celle, plus générale, de leur nature véritable. Lire la suite

[2001] Terrorisme, l’arme des puissants

Pourquoi, s’interrogeait le président Bush, des gens « peuvent nous détester », alors que « nous sommes si bons » ? Les dirigeants américains n’ont pas toujours conscience des effets à moyen et à long terme de leur détermination à toujours l’emporter contre n’importe quel adversaire. Et leurs exploits d’hier peuvent se payer demain d’un prix très lourd. M. Ben Laden fut le produit de la victoire des Etats-Unis contre les Soviétiques en Afghanistan ; quel sera le coût de leur nouveau triomphe dans ce pays ? Lire la suite

[2001] À propos du 11 septembre

“Les Etats-Unis ont pratiquement exterminé les populations indigènes, ont conquis la moitié de Mexico, sont intervenus violemment dans les régions environnantes, ont conquis Hawaii et les Philippines (tuant des centaines de milliers de Philippins), et depuis cinquante ans ont eut particulièrement recours à la force sur une grande partie de la surface du globe. Le nombre des victimes est colossal. Pour la première fois les fusils étaient pointés dans la direction opposée.” Lire la suite