[1999] Timor-Oriental, l’horreur et l’amnésie*

Entre le 7 décembre 1975, jour où le Timor-Oriental a été envahi et annexé par l’Indonésie, et le référendum du 30 août 1999, au cours duquel 78,5 % de ses habitants se sont prononcés pour l’indépendance, il s’est écoulé un quart de siècle. Deux cent mille Timorais ont payé de leur vie cette « intégration », abandonnés par la communauté internationale. La chute du dictateur Suharto a débloqué le dossier, et Djakarta a finalement consenti à la tenue d’un référendum au Timor-Oriental, mais a préparé, en sous-main, une répression au cas où la population se prononcerait pour l’indépendance. Après de longues tergiversations et après avoir obtenu l’aval de l’Indonésie, les Nations unies ont déployé dans l’île, le 20 septembre, une force multinationale (Interfet) sous commandement australien. Cette tardive intervention ne règle ni le problème des trois cent mille Timorais déportés au Timor-Occidental, ni celui du jugement des tortionnaires par un tribunal international. Elle ne doit pas non plus faire oublier les vingt-cinq ans de complicité occidentale avec la dictature de Djakarta. Lire la suite

[1998] L’Indonésie, atout maître du jeu américain*

De la Thaïlande à la Corée du Sud, en passant par le Japon, le séisme monétaire et financier n’a pas fini son œuvre de déstabilisation. La crise asiatique vient de faire – après des millions de travailleurs réduits au chômage – une victime de marque : le général Suharto. Président depuis plus de trente ans, il prétendait conserver le monopole d’un pouvoir assis sur les prébendes et la corruption. Mais, incapable de mettre en œuvre les réformes exigées par le Fonds monétaire international et d’empêcher l’éclatement d’une révolte populaire, il a été contraint de démissionner le 21 mai 1998. Homme du sérail, son successeur, M. Bacharuddin Jusuf Habibie, a donné des signes d’ouverture : annonce d’élections, libération de prisonniers politiques, mutations à la tête de l’armée. Toutefois, c’est un profond changement que réclame l’Indonésie, ramenée en quelques mois au statut de pays pauvre. Un bilan peu glorieux pour un régime qui s’est installé au pouvoir après un terrible bain de sang cautionné par les Etats-Unis. Lire la suite