[2002] Vidéo : pouvoir et terreur

ouvoir et Terreur, le dernier état de pensée de Noam Chomsky, à travers une longue interview et une série de conférences à New York et en Californie au printemps 2002
Comme le fait depuis le 11 septembre 2001, Noam Chomsky replace les attentats terroristes dans le contexte des interventions américaines depuis 1945. Le terrorisme, c’est l’exercice de la violence contre les populations civiles, qu’elle vienne des organisations extrémistes islamiques ou de l’Etat le plus puissant du monde. En s’appuyant sur ce principe fondamental, le philosophe défie ouvertement les Etats-Unis d’appliquer à leurs propres actions les critères moraux qu’ils exigent et veulent imposer aux autres nations.
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[2001] 11/09/2001 : une première réaction

Ces attaques terroristes sont des atrocités majeures. Il est possible qu’elles n’aient pas atteint le niveau de beaucoup d’autres, telles le bombardement par Clinton du Soudan, sans aucun prétexte crédible, détruisant la moitié de son industrie pharmaceutique et tuant une quantité inconnue de personnes (inconnue, puisque les Etats-Unis ont bloqué une enquête de l’ONU, et que personne ne veut la poursuivre). Sans parler d’autres drames bien plus graves qui viennent facilement à l’esprit. Mais aucun doute : ce qui vient de se passer est un crime atroce. Les premières victimes, comme d’habitude, ont été des travailleurs et des travailleuses : portiers, secrétaires, pompiers, etc. Cela annonce sans doute une tempête infernale contre les Palestiniens et autres peuples pauvres et opprimés. Et il en résultera aussi probablement des contrôles de sécurité serrés, avec beaucoup de ramifications envisageables pour saper les libertés publiques y compris au niveau international. Lire la suite

[2000] L’Amérique, « État voyou »

En juin dernier, le département d’Etat, à Washington, a exclu l’expression « Etat voyou » de son langage diplomatique, au profit de la catégorie, plus vague, de « state of concern » (« Etat source d’inquiétude »), dans le dessein d’avoir une plus grande flexibilité dans ses rapports avec les Etats ainsi désignés. Réservée à sept pays bien précis (Corée du Nord, Cuba, Irak, Iran, Libye, Soudan et Syrie), l’expression « rogue state », que l’on peut traduire par Etat voyou, Etat hors-la-loi ou encore Etat paria, désignait des pays qui, selon Washington, soutenaient le terrorisme et, par conséquent, étaient soumis unilatéralement à des sanctions.
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[2010] Vidéo : Chomky et les médias (ASI)

Il serait “l’intellectuel le plus célèbre du monde”. Pourtant, Noam Chomsky vient de passer quatre jours à Paris, et la couverture de cette visite par les grands médias a été plutôt chiche, et relativement atypique (comme nous l’avons remarqué). Est-ce parce que l’Américain, linguiste et penseur politique de la gauche radicale, se montre très critique sur le mode de fabrication de l’information, et sur les liens entre les grands médias et le pouvoir ? Parce que sa pensée est trop complexe pour pouvoir être simplifiée et réduite dans le moule médiatique classique ? Ou bien parce que des intellectuels français ont dressé autour de lui une sorte de barrière de protection ? Lire la suite

[1999] L’OTAN, maître du monde

Réunis à Washington pour le cinquantième anniversaire de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), les pays membres ont, le 26 avril, entériné le Nouveau concept stratégique proposé par les Etats-Unis. Hier défensive, l’OTAN pourra intervenir militairement, sans mandat des Nations unies, contre un pays souverain. Si la référence à l’ONU satisfait la diplomatie française, elle ne nuance que pour la forme l’hégémonie américaine. La guerre dans les Balkans, engagée sans autorisation du Conseil de sécurité, au nom de l’ingérence humanitaire, et ce Nouveau concept stratégique marquent un tournant dans l’ordre mondial. La seule légalité internationale, celle des Nations unies, est, pour la première fois depuis 1945, mise à bas par les vainqueurs de la seconde guerre mondiale (moins la Russie). Sans que nulle autre ne la remplace. Autorisant désormais la Chine, l’Inde ou la Russie, par exemple, à conduire, dans leurs zones d’influence, des interventions semblables à celle de l’Alliance. Multipliant partout les risques d’injustices et de conflits. Lire la suite

[1998] Finance et silence

La libéralisation des mouvements de capitaux constitue une arme fabuleuse contre le contrat social. Elle peut être très efficacement utilisée pour saper tout effort de la puissance publique visant à promouvoir des mesures progressistes. Par exemple, si un pays cherche à stimuler son économie ou à accroître ses dépenses de santé, cet écart de conduite peut être immédiatement puni par une fuite des capitaux. Lire la suite

[1999] Timor-Oriental, l’horreur et l’amnésie*

Entre le 7 décembre 1975, jour où le Timor-Oriental a été envahi et annexé par l’Indonésie, et le référendum du 30 août 1999, au cours duquel 78,5 % de ses habitants se sont prononcés pour l’indépendance, il s’est écoulé un quart de siècle. Deux cent mille Timorais ont payé de leur vie cette « intégration », abandonnés par la communauté internationale. La chute du dictateur Suharto a débloqué le dossier, et Djakarta a finalement consenti à la tenue d’un référendum au Timor-Oriental, mais a préparé, en sous-main, une répression au cas où la population se prononcerait pour l’indépendance. Après de longues tergiversations et après avoir obtenu l’aval de l’Indonésie, les Nations unies ont déployé dans l’île, le 20 septembre, une force multinationale (Interfet) sous commandement australien. Cette tardive intervention ne règle ni le problème des trois cent mille Timorais déportés au Timor-Occidental, ni celui du jugement des tortionnaires par un tribunal international. Elle ne doit pas non plus faire oublier les vingt-cinq ans de complicité occidentale avec la dictature de Djakarta. Lire la suite

[2009] Crise et espoir : les leurs et les nôtres +

La répartition des préoccupations illustre une autre crise, une crise culturelle: la tendance à se concentrer sur des gains à court terme d’ordre privé, qui constitue un élément central de nos institutions socioéconomiques et de leur système de soutien idéologique. Une des illustrations en est le dispositif d’incitations perverses destinées à l’enrichissement personnel des grands patrons, quelle que puisse en être l’incidence néfaste sur les autres. […]

Il y a un décalage important entre l’opinion publique et les politiques publiques sur quantité de sujets majeurs, d’ordre intérieur et relatifs à la politique étrangère, et c’est l’opinion publique qui a bien souvent des réactions plus saines, du moins selon moi. […]

De toutes les crises qui nous affectent, celle du déficit démocratique croissant sera peut-être la plus sérieuse… Lire la suite

[1996] Sur l’anarchisme

Bien que Chomsky ait écrit une quantité considérable sur l’anarchisme dans les trois dernières décennies, les gens lui demandent souvent d’une vision détaillée plus tangible de l’évolution sociale. Son analyse politique ne manque jamais d’inspirer l’indignation et la colère sur la façon dont le monde fonctionne, mais de nombreux lecteurs restent sur leur faim quand aux actions précises que proposerait Chomsky faire changer les choses […] Lire la suite

[2010] La sauvagerie de l’impérialisme américain (3/4)

Ce n’est pas seulement Netanyhaou. On accuse Netanyahou, mais c’est un sentiment national ; l’opinion est en train de se déplacer très loin vers la droite ultra-nationaliste. Regardez les sondages. Le sentiment national est paranoïaque. On pense qu’Israël doit combattre toute tentative de remettre en question la légitimité et la magnificence de tout ce qu’ils font. C’est un changement dramatique qui est survenu dans le pays ces dernières années. […]

Si un bateau iranien avait attaqué un navire de l’OTAN, l’Iran aurait probablement été effacé de la surface de la Terre. Lire la suite