[1995] L’éducation est ignorance +

Ce qui est un signe de l’efficacité du système éducatif, et du système de propagande, à tout simplement détruire jusqu’à notre connaissance de nos propres origines intellectuelles immédiates. […] Mais la majeure partie du système éducatif est très différente. L’éducation de masse fut conçue pour transformer les fermiers indépendants en instruments de production dociles et passifs. Lire la suite

[1970] Le capitalisme et la démocratie sont, en dernier ressort, incompatibles

Noam Chomsky, une des principales voix de la gauche aux États-Unis, a donné en 1970 la conférence “Le gouvernement dans l’avenir”, que publient maintenant, dans son intégralité, les éditions Anagrama. Dans cette conférence, donnée à New York, Chomsky s’interroge sur la possibilité de transformer la société face à ce qu’il a appelé “la barbarie contemporaine”. Avec l’autorisation de l’éditeur, nous offrons à nos lecteurs une copie de ce texte en avant-première. Lire la suite

[2007] La guerre, le néolibéralisme et l’Empire au XXIème siècle

“A propos de la toute récente loi irakienne sur le pétrole, on sait bien que la loi a été concoctée aux Etats-Unis avant d’être soumise à la consultation de quelques Irakiens, tous des fidèles du premier ministre Noori Al Maliki, puis envoyée au Parlement irakien. Cette loi ouvre la voie à la fragmentation et à la privatisation du pétrole irakien. Quels sont les projets économiques des Etats-Unis en Irak ? Vue la tournure désastreuse prise par l’occupation, pourront-ils mener à bien ces projets ?” Lire la suite

[2010] La mondialisation poursuit sa marche en avant

À ce jour, la montée de l’indignation populaire n’a pas remis en cause le pouvoir des entreprises. L’avenir dépend de ce que l’immense majorité est prête à supporter et de savoir si cette immense majorité apportera, collectivement, une proposition constructive en réponse aux problèmes qui sont au cœur du système capitaliste de domination et de contrôle. Sinon, l’issue pourrait être sinistre, comme l’illustre si abondamment l’histoire. Lire la suite

[1999] Deux heures de lucidité (6/9) – L’économie invisible

La corruption légale est un sujet d’enquête intéressant, mais peu de personnes s’y lancent parce qu’elle remonte jusqu’au cœur du pouvoir. […]

Les entreprises font plus de victimes que la délinquance sur la voie publique. Pourtant, elles ne sont quasiment jamais poursuivies. […]

Les gens doivent s’informer. C’est pourquoi je crois profondément à l’éducation populaire, par opposition aux médias, à l’école, à la culture intellectuelle dominante. […]

Le monde des affaires est donc allé dans les écoles, les églises et les organisations sportives, afin d’endoctriner les gens et de les convaincre des bienfaits du capitalisme, au point que c’est devenu leur unique credo. […]

Les puissants ont besoin de l’État, d’abord pour contrôler le monde mais aussi pour faire en sorte que les coûts et les risques soient assumés collectivement. […]

Tous veulent une économie mondiale déréglementée – cette arme extraordinaire contre les peuples et la démocratie.[…]

Ces multinationales disposaient donc de nombreux moyens de pression pour abattre le système social suédois, comme par exemple la menace de délocaliser leur production […] Naturellement, cela a considérablement affaibli le système suédois. […] La même chose arrivera en France. […]

L’Union européenne est construite de manière à limiter la participation populaire […] Curieusement, les populations semblent s’en être accommodées… Lire la suite

[1999] Deux heures de lucidité (5/9) – Le capitalisme

Les accords de Bretton Woods visaient à contrôler les flux de capitaux […] Si on laisse les capitaux se déplacer librement d’un pays à l’autre, arrive un jour où les institutions financières et les investisseurs sont, dans les faits, en position de déterminer la politique des États. Ils constituent ce qu’on appelle parfois un «Parlement virtuel» […]

Le capitalisme n’existe pas, du moins au sens de pure économie de marché […] C’est un système composé d’entités privées concentrant des pouvoirs énormes, liées entre elles par des alliances stratégiques et dépendant d’États puissants pour socialiser les risques et les coûts. […]

Le libéralisme classique fait l’objet d’une attaque en règle par le biais des multinationales. […]

Personne ne comprend vraiment les ressorts de l’économie mondiale. […]

Notre système est extrêmement instable, personne ne sait ce qu’il va devenir. Il est tout à fait possible qu’il s’effondre, notamment à cause d’une catastrophe écologique. Une véritable économie de marché conduirait à une catastrophe généralisée. Dans une véritable économie de marché, chacun s’efforce de maximiser ses profits sans se soucier des conséquences pour le reste de la planète.
Lire la suite

[1999] Deux heures de lucidité (4/9) – Les centres de pouvoir

Les États les plus puissants, les grandes multinationales, les banques et les institutions internationales sont tous liés par des alliances et des intérêts communs. […]

L’entreprise est une institution totalitaire. Les multinationales modernes sont régies par le principe selon lequel les entités organiques auraient des droits sur les individus. […]

Il n’y a rien au sommet de la pyramide su pouvoir ! Le monde n’est pas un système totalitaire. […]

Pierre Bourdieu a écrit là-dessus : “on apprend à se comporter d’une certaine façon, et ceux qui n’y arrivent pas finissent chauffeurs de taxi” Lire la suite

[1998] Finance et silence

La libéralisation des mouvements de capitaux constitue une arme fabuleuse contre le contrat social. Elle peut être très efficacement utilisée pour saper tout effort de la puissance publique visant à promouvoir des mesures progressistes. Par exemple, si un pays cherche à stimuler son économie ou à accroître ses dépenses de santé, cet écart de conduite peut être immédiatement puni par une fuite des capitaux. Lire la suite

[2009] Crise et espoir : les leurs et les nôtres +

La répartition des préoccupations illustre une autre crise, une crise culturelle: la tendance à se concentrer sur des gains à court terme d’ordre privé, qui constitue un élément central de nos institutions socioéconomiques et de leur système de soutien idéologique. Une des illustrations en est le dispositif d’incitations perverses destinées à l’enrichissement personnel des grands patrons, quelle que puisse en être l’incidence néfaste sur les autres. […]

Il y a un décalage important entre l’opinion publique et les politiques publiques sur quantité de sujets majeurs, d’ordre intérieur et relatifs à la politique étrangère, et c’est l’opinion publique qui a bien souvent des réactions plus saines, du moins selon moi. […]

De toutes les crises qui nous affectent, celle du déficit démocratique croissant sera peut-être la plus sérieuse… Lire la suite

[2010] La France est devenue une île

Aux États-Unis, le pouvoir est depuis longtemps aux mains du grand capital et, depuis une trentaine d’années, du secteur financier. Obama a gagné parce qu’il était soutenu par les banques. […]

Le “libre-échange” ne fait que protéger les droits des investisseurs et du grand capital. […]

Comment peut-on accepter que l’Etat définisse la vérité historique et punisse la dissidence de la pensée ? […]

Au Timor-Oriental, entre un quart et un tiers de la population a été décimée avec l’accord des Etats-Unis et de la France, et peu de gens le savent alors que tout le monde connaît les crimes de Pol Pot.

La vérité, c’est qu’on a le droit de nier les crimes des puissants – les nôtres. Seuls les crimes des autres ou des perdants sont protégés du négationnisme. Cette hypocrisie est insupportable. Lire la suite

[2010] L’état d’esprit qui règne aux États-Unis : « Je n’ai jamais rien vu de tel »

Noam Chomsky est le plus grand intellectuel des États-Unis. La quantité impressionnante de ses écrits, qui comprennent prés de 100 livres, ont depuis des décennies démonté et exposé les mensonges des élites au pouvoir et les mythes qu’elles entretiennent. Et Chomsky l’a fait malgré la censure des médias commerciaux qui l’ont mis sur une liste noire, malgré son statut de paria au sein du monde universitaire et, de son propre aveu, malgré le fait qu’il soit un orateur pédant et parfois légèrement ennuyeux. Il combine une indépendance intellectuelle avec une démarche rigoureuse, une capacité remarquable de saisir les détails et une intelligence hors du commun. Il dénonce sans détours notre système à deux partis qu’il décrit comme un mirage orchestré par un gouvernement au service des entreprises privées, et il critique sévèrement l’intelligentsia libéral [NdT : “liberal” = plus ou moins l’équivalent de “progressiste” aux États-Unis] qui ne sont que les courtisans du système et décrit le flot émis par les médias commerciaux comme une forme de « lavage de cerveau ». En tant que critique le plus clairvoyant du capitalisme débridé, de la globalisation et de l’empire, il aborde sa 81ème année en nous mettant en garde sur le peu de temps qui nous reste pour sauver notre démocratie anémique. Lire la suite

[2008] Le capitalisme contre la démocratie

La liberté de circulation des capitaux et les libertés démocratiques sont en relation inverse, affirme Chomsky. Le « droit de vote » accordé aux investisseurs, qui peuvent désormais faire tomber une économie en retirant leurs capitaux, équivaut à une interdiction de fait des politiques qui pourraient leur nuire. Keynes, qui fut le négociateur Britannique à Bretton Woods, considérait que le plus grand succès de la conférence avait été la possibilité donnée aux états de restreindre la circulation des capitaux. Le temps est sans doute venu de l’entendre à nouveau. Lire la suite