[2010] Si vous arrivez avec un fusil, ils viendront avec un tank

Présent à Paris du 27 mai au 1er juin, le linguiste et militant américain Noam Chomsky a prononcé plusieurs conférences devant des salles combles, notamment au Théâtre de la Mutualité, à l’invitation du « Monde diplomatique », et au Collège de France. A la suite de ses exposés, les débats avec l’assistance ont donné lieu à de riches échanges sur les questions d’actualité. En voici quelques extraits. Lire la suite

[2010] L’état d’esprit qui règne aux États-Unis : « Je n’ai jamais rien vu de tel »

Noam Chomsky est le plus grand intellectuel des États-Unis. La quantité impressionnante de ses écrits, qui comprennent prés de 100 livres, ont depuis des décennies démonté et exposé les mensonges des élites au pouvoir et les mythes qu’elles entretiennent. Et Chomsky l’a fait malgré la censure des médias commerciaux qui l’ont mis sur une liste noire, malgré son statut de paria au sein du monde universitaire et, de son propre aveu, malgré le fait qu’il soit un orateur pédant et parfois légèrement ennuyeux. Il combine une indépendance intellectuelle avec une démarche rigoureuse, une capacité remarquable de saisir les détails et une intelligence hors du commun. Il dénonce sans détours notre système à deux partis qu’il décrit comme un mirage orchestré par un gouvernement au service des entreprises privées, et il critique sévèrement l’intelligentsia libéral [NdT : “liberal” = plus ou moins l’équivalent de “progressiste” aux États-Unis] qui ne sont que les courtisans du système et décrit le flot émis par les médias commerciaux comme une forme de « lavage de cerveau ». En tant que critique le plus clairvoyant du capitalisme débridé, de la globalisation et de l’empire, il aborde sa 81ème année en nous mettant en garde sur le peu de temps qui nous reste pour sauver notre démocratie anémique. Lire la suite

[2008] Le capitalisme contre la démocratie

La liberté de circulation des capitaux et les libertés démocratiques sont en relation inverse, affirme Chomsky. Le « droit de vote » accordé aux investisseurs, qui peuvent désormais faire tomber une économie en retirant leurs capitaux, équivaut à une interdiction de fait des politiques qui pourraient leur nuire. Keynes, qui fut le négociateur Britannique à Bretton Woods, considérait que le plus grand succès de la conférence avait été la possibilité donnée aux états de restreindre la circulation des capitaux. Le temps est sans doute venu de l’entendre à nouveau. Lire la suite

[2008] La vision de Bush : la ruine

Au milieu du mois de mai, le Président Bush a voyagé au Moyen Orient pour asseoir plus fermement sa mission dans cette partie du monde qui a été le centre premier de toutes les attentions de sa présidence.

Le voyage avait deux destinations principales, chacune d’elles choisie pour célébrer un anniversaire important. Israël : le 60e anniversaire de sa fondation et de sa reconnaissance par les États-Unis. Et l’Arabie saoudite : le 75e anniversaire de la reconnaissance par les États-Unis du royaume récemment fondé. Ces choix prennent sens à lumière de l’histoire et du caractère constant de la politique des États-Unis : le contrôle du pétrole et l’appui aux acolytes qui les aident à maintenir ledit contrôle. Lire la suite

[2007] Affamer les pauvres : l’éthanol et le prix de la tortilla

La pression à la hausse sur les cours du maïs, qui devient désormais une ressource énergétique avec la filière Ethanol, a provoqué une augmentation de 50 % sur les tortillas au Mexique, déclenchant des protestations parmi les travailleurs agricoles dont c’est l’alimentation de base. Loin des prétentions des thuriféraires de la mondialisation qui la présentent comme un mécanisme ne faisant que des gagnants, la réalité de la domination américaine sur les marchés déstabilise les plus faibles en Amérique Latine. Lire la suite

[2010] Une participation directe à la créativité

Amauta : Alors, je voulais commencer cette interview avec votre voyage récent en Amérique Latine. J’ai entendu dire que vous étiez en Amérique Latine et que vous étiez au Mexique lundi dernier et le week-end dernier. C’était comment ? Juste un avis général. Lire la suite

[2009] Il n’y a plus de sentiment d’espoir

Pour Noam Chomsky, professeur au MIT, la financiarisation de l’économie, l’idéologie « fanatique » de l’efficacité des marchés et le pouvoir croissant du secteur financier ont précipité cette crise. Si celle-ci ne lui paraît pas à la même échelle que la Grande Dépression des années 1930, il estime qu’il y avait alors plus d’espoir dans les catégories modestes.

Né à Philadelphie, il y a quatre-vingts ans, Noam Chomsky est un des dix universitaires les plus cités dans le monde. Fondateur de la grammaire générative, ses recherches ont joué un rôle crucial dans la « révolution cognitive », qui rapproche le fonctionnement de l’esprit de celui d’une machine de traitement de l’information. A la manière d’un Sartre en France, il a mis son immense notoriété au service de combats qui le situent du côté de l’extrême-gauche. Lorsqu’on le rencontre dans son bureau encombré de livres au MIT, dans un immeuble multiformes dessiné par Frank Gerhy, cet infatigable militant paraît apaisé, tranquille, bienveillant. Jusqu’à ce qu’il se mette à parler. Adversaire patenté de George Bush, cet intellectuel de gauche ne ménage pas pour autant ses piques contre Barack Obama, parce que ce dernier ne bousculera pas l’ordre établi que l’éminent linguiste condamne de toutes ses forces. Polémiste vigoureux, critique acerbe de la politique extérieure américaine, il porte un oeil sans complaisance sur la crise actuelle. Celle-ci ne changera rien parce que le pouvoir reste à la botte des financiers, explique-t-il. Il décrit le prolétariat américain dans une situation de désespoir, incapable de s’organiser pour lutter contre les puissances de l’argent. Lire la suite

[2008] Le capitalisme ne peut pas se terminer parce qu’il n’a jamais commencé

Face au débat qui se tient aujourd’hui sur la crise actuelle, nous voulions connaître la version qu’en fait une des voix états-uniennes les plus éminentes de l’analyse et de la critique de son pays et du monde, Noam Chomsky.

Pour le célèbre linguiste, les politiques de dérégulation financière ont rendu le krach inévitable. Si l’ère néolibérale semble sur le point de se refermer, les réformes envisagées ne changeront rien à la structure du capitalisme. La contestation s’organise bien en Amérique du Sud, mais elle devrait encore s’étendre et gagner en force pour bousculer l’ordre établi. Lire la suite

[2008] Les pays pauvres réussissent à échapper à la domination des États-Unis

Question : En décembre 2007, sept pays d’Amérique du Sud ont officiellement lancé la Banque du Sud en réaction à une opposition grandissante à la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International et autres Institutions financières internationales. Quelle est l’importance de ce changement et pourrait-il provoquer d’autres réactions dans les pays en voie de développement ? Se pourrait-il qu’un jour l’influence de la Banque Mondiale et du FMI soit totalement remise en cause ? Lire la suite